Les notes suivantes sont celles de Jean de Frémont, Alchimiste à la cour du Roi-Sorcier Salomon. Les écrits sont datés de -5000 avant notre ère.
[illisible] avons quitté ce jour la Tour dans [illisible] de feu, les sentinelles des fils d'Hakhama sont en charge de veiller sur ceux rendus fous par le mal de l'Hiver et de [illisible] incidents, si jamais il y en a.
Je ne suis pas certain de ce que compte faire Salomon, en dépit du fait que je sois son aîné d'un millénaire. Il m'a toujours semblé secret, mais ne semble pas cacher quoi que ce soit, cette fois. Son envie de mettre fin au mal de l'Hiver est réelle. Mais je ne comprends pas la confiance qu'il porte en l'Étranger. Je n'ai rien trouvé sur lui dans aucun des registres de la Tour, ni dans ceux de la Bibliothèque. Ou alors celle-ci se refuse-t-elle à me donner accès à tout cela ? Elle a déjà fait preuve de caprices, par le passé. Mais jamais ces derniers ne furent irraisonables. Que cachent donc notre roi et elle ?
Toujours est-il que je ne comprends pas pourquoi notre roi croit autant en cet homme. En est-il un d'ailleurs ? Et l'immense monolithe qu'il a présenté, aussi gravé soit-il, est-il vraiment ce qu'il prétend ? [illisible] jamais telle chose ne fut entendue, aussi bien dans ce monde que dans l'ancien.
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[illisible] sonné les trompettes ce jour. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis Kespeth aux portes de la ville, bien portant, et ne semblant pas souffrir du Mal.
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[illisible]à s'entretenir avec l'Etranger. Il semble le connaître. [illisible]"Daeva reste derrière nous", mais il ne semble pas avoir envie d'en dire plus. Pas en public en tout cas. Je ne comprends pas. Avec ses Quatre Cavaliers de Lumière [illisible] réussi à oublier Daeva, comment se fait-il que leur nom puisse être encore ? Kespeth [illisible] Il demande une instance avec le roi et l'Etranger. Seuls. [illisible]le Globe me sera utile pour savoir ce qu'il en est.
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[illisible]vu sous les bandages qui cachent l'Etranger. Corps[illisible]de Lumière.
[illisible]route vers la vallée des Arbres. Kespeth n'a pas tenu à venir, et semble amer. L'Étranger et le Roi sont avec moi et une demi-douzaine d'autres alchimistes. Pensent-ils vraiment pouvoir atteindre une telle folie ? Ils n'ont pas plus d'espoirs que moi, à mon avis, mais que pourrait-il nous arriver de pire que de continuer à vivre ?[illisible]
[illisible]former une réalité où nous pouvons enfin [illisible] mais l'artefact de l'Étranger sera-t-il assez puissant pour cela ? J'ai tout de même entouré notre belle capitale d'une bulle conceptuelle comme indiqué dans les annexes de mon journal. Cela permettra de réitérer l'incident de la Succube.
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[illisible]réussi ce jour. Quelque soit l'artefact de l'Étranger, il est fort utile. Notre Roi et lui ont mentionné un grand Rituel pour demain. Demain nous reverrons de nouveau les portes de [illisible]sous [illisible]Arbres !
[illisible] fait ?
Elle est là, Elle est furieuse, [illisible] pas depuis le Jour des Fleurs [illisible]
Les trompettes sonnent, [illisible] le nomment Prometheus, parlent de folie et de traîtrise, de péché ultime, pire que les Deux Précédents.
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[illisible] ÉCAILLES SORDIDES
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[illisible]Trop tard [illisible]maintenant qu'Elle est tombée [illisible]
[illisible]Été avec Elle. [illisible] rouvert les portes.
Le reste des notes ont probablement été perdues ou détruites. Ne reste qu'une annexe indiquant comment former une Bulle Conceptuelle de Frémont, une structure empêchant tout concept anormal s'y développant de se propager au-delà de ses limites. À l'heure actuelle, cette structure a été prouvée comme étant efficace, notamment sur SCP-237-FR.
La forêt d'Aulbrec était sinistre.
Ce n'était pas la première fois que Julien se faisait cette remarque. Déjà, à leur arrivée, quelques jours plus tôt, il n'avait pas été rassuré par l'étendue de mélèzes aux troncs sombres qui entourait le petit village. En tant qu'agent de terrain, cela devait sûrement venir du fait que ces derniers réduisaient fortement sa vision à longue distance, de par la densité de la végétation. Et comme son formateur lui avait appris il y avait déjà longtemps, une vision réduite n'augurait jamais rien de bon en territoire inconnu.
Mais le territoire ne lui était plus si inconnu que ça désormais. Il savait ce qu'il s'y passait. Et c'était probablement pour cette raison que l'Agent courrait à toutes jambes, slalomant entre les arbres, sous le clair de lune, chacun de ses pas s'enfonçant un peu plus dans la neige.
Il fit une pause pour reprendre son souffle. Malgré sa bonne condition physique, ses poumons n'en pouvaient plus. Julien fronça les sourcils, visiblement anxieux. La menace approchait, voire même gagnait du terrain. Il n'avait aucune preuve concrète de cela, mais des années de service dans sa profession l'avaient encouragé à faire confiance en son instinct.
Il se retourna et vit Paul, qui semblait avoir tout le mal du monde à le suivre. Au vu de la situation, il ne fallait pas être un génie pour comprendre que jamais il ne s'en sortiraient tous les deux vivants. Il allait falloir que quelqu'un reste derrière.
Julien inspira profondément.
- Paul, dit-il d'une voix grave
Le chercheur, la trentaine bien entammée, liquide de sueur, lui adressa un regard presque suppliant.
Julien continua.
- Il va falloir que tu partes devant. Je vais les retenir. Si jamais tu es attrapé…
L'agent marqua une pause avant de reprendre. C'était leur meilleure chance, il était le plus qualifié pour ralentir ce qui était derrière eux. Et de eux deux, seul Paul serait capable de faire un rapport complet et précis sur la situation.
- Assure toi de laisser ton carnet derrière toi. D'autres viendront. Ils faudra qu'ils sachent.
Paul opina. Son carnet contenait une bonne partie des informations qu'ils avaient pu rassembler sur Aulbrec et ce qui s'y déroulait, même si leurs dernières découvertes n'y avaient pas été renseignées faute de circonstances favorables à un travail de scribe, .
Julien dégaina son couteau de chasse, dérisoire défense face aux forces qui les pourchassaient, et commença à graver des signes dans un tronc.
- Tu ferais mieux de courir, maintenant, Paul. Go !
Paul lança un ultime regard à son collègue, puis se mit à courir vers la sortie de la forêt.
Alors qu'il arrivait à la fin de la forêt, en bas des contreforts alpins qui le séparaient de la civilisation, Paul entendit des cris, provenant des bois. Un premier cri, celui d'un homme, mêlé à un autre, indescriptible, mais néanmoins reconnaissable entre mille pour lui désormais. Il ne connaissait que trop bien les auteurs de ces cris, et la cause de ce concert morbide lui faisait froid dans le dos. Cela voulait surtout dire qu'il n'avait plus beaucoup de temps pour franchir la barrière que formaient les montagnes surplombant le contour du plateau d'Aulbrec. Le sinistre village était pourtant déjà en contrebas de sa position quand les hurlement lui parvinrent.
Paul redoubla donc d'efforts et de vitesse. Comme recommandé par Julien, il avait pensé à dissimuler le carnet tâché de sang qu'il gardait dans sa veste sous une souche avant de quitter la forêt. Il en profita pour regarder l'état de la blessure qu'il avait au thorax : celle-ci n'augurait rien de bon. Mais les cris dans la forêt lui promettaient bien pire et lui firent oublier cette égratignure.
Pendant quarante longues minutes, Paul gravit à tâtons le chemin rocailleux et accidenté qu'il avait emprunté une poignée de jours plus tôt et dont il aurait préféré ne jamais connaître l'existence. Le spectacle de la lumière lunaire s'abattant sur la surface rocheuse d'un noir profond, déchirée et glacée de la montagne était à la fois beau et terrifiant. Les contreforts alpins étaient silencieux, et seul le vent qui hurlait dans les failles rocheuses répondait aux gémissements du chercheur. Tant et si bien qu'il commencer à se penser en sécurité. Mais il chassa vite cette pensée de son esprit. Aucun étranger ne serait jamais en sécurité à Aulbrec.
Paul était presque au passage en haut des montagnes qui lui promettait la liberté quand il entendit un bruit sur sa droite, au sommet d'un rocher le surplombant.
Il eut juste le temps de voir une immense forme noire lui bondir dessus dans un râle effroyable avant d'être propulsé loin de la paroi, tombant, roulant dans les abysses dans un chute sanguinolente et sans fin.